D’où viennent les neuro-mythes ?

Les neuro-mythes sont des croyances erronées sur le fonctionnement du cerveau. On doit l’origine de ce terme à Bruno Della Chiesa, chercheur et professeur à Haward. Ils viennent de découvertes scientifiques mal relayées par les médias grand public, sous une forme trop simplifiée par exemple. Il se peut aussi que la découverte scientifique en question soit devenue obsolète car les avancées de la science ont remis en question une affirmation précédente, mais la croyance ancrée est encore active. Parfois la communauté scientifique est elle-même partagée par une découverte et les débats d’experts continuent sans qu’aucune évidence ne soit là, mais les médias se sont emparés d’un scoop initial qui a marqué la mémoire collective. Les démentis ultérieurs passent toujours inaperçus auprès du grand public par rapport à l’effet de surprise d’un scoop. C’est une des propriétés même de notre fonctionnement cérébral. L’attention générée par une surprise a la capacité d’ancrer des informations de façon pérenne dans notre mémoire car elles sont associées à une émotion.

Certains scientifiques concourent parfois eux-mêmes à créer ces mythes en étant trop peu engagés dans la communication de leurs travaux auprès du grand public, ce qui laisse de la place aux éventuelles mésinterprétations des journalistes. Il arrive aussi que la course à la publication pousse les chercheurs à médiatiser trop tôt des résultats préliminaires qui se répandent ensuite comme une vérité.

Mais les médias et les chercheurs ne sont pas les seuls responsables dans cette propagation de fausses croyances…

À qui profitent les neuro-mythes ? :

Au-delà des intérêts médiatiques, il convient de citer tous les acteurs qui ont intérêt à faire prospérer la pseudo-science. Le profit potentiel d’approches et d’outils pseudo-scientifiques a envahi le marché. Par exemple le programme « Brain Gym », unanimement condamné par les scientifiques, prétend faciliter le transfert d’information entre les deux moitiés du cerveau par une série d’exercices. Sans aucune base scientifique, ce programme continue pourtant à se vendre. On trouve des acronymes « neuro » autour de produits et services divers, répondant ainsi à un effet de mode et à une promesse miracle d’efficacité scientifiquement démontrée. L’attrait marketing de ce préfixe auprès de professionnels de l’accompagnement s’est densifié (neuro-psychologues, neuro-coachs, neuro-formateurs, neuro-management). Cet engouement risque de décrédibiliser au final les métiers de l’accompagnement par manque d’éthique et de fondements.

 

Par ailleurs, la sphère politique n’hésite pas à instrumentaliser les découvertes scientifiques pour bénéficier du côté « novateur ». A titre d’exemple l’effet Mozart, un des neuro-mythes les plus répandus selon lequel écouter une sonate de Mozart permettrait un gain de quotient intellectuel, a été repris par le gouvernement américain de Floride en 1998 en rendant la musique classique obligatoire en maternelle. En Géorgie, le gouverneur a réclamé 105 000 dollars pour en faire profiter les jeunes mamans. Basé sur un bug scientifique, il a fallu plus de quinze ans pour démonter ce mythe. Pendant ce temps là, bon nombre d’acteurs de notre système socio-économique se sont enrichis grâce à la crédulité du grand public mal informé.